Ah, le Pixel Art ! On entend parler à toutes les sauces. Le Pixel Art à la sauce samouraï ! Le Pixel Art à la sauce Hannibal (si chère à tous nos lecteurs) ! Le Pixel Art à la sauce mayonnaise, l’un des plus répandus ! Blague à part, c’est que l’on en bouffe du Pixel Art, et que, parfois, cela en devient aussi indigeste qu’un mauvais sandwich. Justement parce que la sauce ne prend pas. De là, nous pouvons même nous demander, en toute légitimité, si ce Pixel Art, n’est pas là uniquement pour simplifier la création des jeux, en prétextant que « c’était mieux avant », oubliant même, et de nombreuses œuvres sur le Playstore sont là pour en témoigner, la véritable notion du plaisir dans le jeu. Car jouer sans plaisir, c’est un peu comme manger un jambon-beurre sans beurre, cela n’a guère d’intérêt.
Vous l’aurez compris, notre jeu d’aujourd’hui, Block Legend, joue la carte carrée, puisque c’est du Pixel Art, des vieux graphismes qui rebuteraient tout joueur PC ayant une tour à plus de 1000 euros. Mais ces même vieux graphismes cacheraient-ils, telle une huître, une petite perle ? Alvin Phu, dont il s’agit du premier jeu sur Android, va toute faire pour nous le prouver, en espérant qu’il ait la main pas lourde sur le contenu.
Un jeu fait de briques et de blocks
Ce serait, sans doute, ne pas lui rendre hommage que de rester sur cette première impression. Mais, il est vraisemblable de dire qu’à première vue, Block Legend est bien fait de petites briques, de là à le faire rentrer dans la légende du Pixel Art ?
C’est tout à fait possible, parce qu’il donne dans le bon Pixel Art. Tous les personnages rencontrés ainsi que les décors sentent bon la console 8 bits, et ont fait preuve d’un soin certain quant à leur représentation. Le boulot est fait, et bien fait, en plus d’être assez immense.
Car Block Legend vous fera voyager, et pas que plus de vingt ans en arrière. Sur des dizaines de lieux différents dotés de monstres tout aussi différents. Entre l’univers médiéval dit classique, les mondes futuristes, les pyramides d’Égypte, j’en passe, et j’en passe, tout est représenté de la plus « pixelène » des façons, avec des adversaires en parfaite adéquation avec leur environnement. Le tout étant lié avec une musique répétitive qui fleure bon les synthés disposant de quatre ou cinq touches. De quoi vous faire rentrer l’air dans la tête comme un vieux tube de Dorothée qui n’a de cesse de vous harceler pendant une journée entière.
Un jeu au contenu qui se déblocks
Que ne serait un jeu à la réalisation en adéquation avec son thème sans un bon gameplay ? Sans doute comme notre sandwich, décrit quelques instants plus tôt, sans goût. Et heureusement pour nous, Block Legend nous propose en un bon. Simple mais efficace.
Vous déboulez, sur une route de campagne, avec votre héros, un chevalier pour commencer ou une « chevalière » (pas à mettre au doigt) selon votre engouement pour le travestissement, et vous affronterez, au détour des rencontres, des monstres qu’il vous fera battre à l’aide d’une grille de symboles que vous devez combiner, un peu dans le même genre qu’un célèbre jeu de bonbons qui peut nous les briser (les bonbons) à force d’en entendre parler. Sauf qu’ici, le jeu est plus tactique, sur de nombreux points.
Sur la grille apparaît donc des blocks (oui, j’ai décidé de garder l’orthographe ainsi, et je fais ce que je veux !) qui feront de vous, je l’espère, une légende, un peu comme un Superlegoman, et non pas Léguman. Chaque block a son importance. En effet, il en existe de six sortes en mode combat : sort, défense, attaque, vie, trésor et pièces qu’il vous faudra assembler afin d’en découdre avec le monstre rencontré, et, ce, sans que cela se termine sur le fil, le tout en veillant à votre avatar qui sera susceptible de prendre plusieurs coups. Dès qu’un combat est terminé, vous passez alors en mode vadrouille et les blocks représentants l’attaque (des épées) se transforment en blocks d’expérience qu’il vous faudra cumuler le plus rapidement possible, en les associant, avant le prochain combat.
Bien entendu, sur votre longue route vers le succès, vous trouvez des boutiques où l’on vous proposera des quêtes ou de l’équipement que vous pourrez acheter. En outre, plus vous avancez, plus vous aurez le loisir d’acquérir des Starblocks (oui, bonjour Madame l’Originalité). Et cet acquis n’est pas rien, car, grâce à eux, vous aurez la possibilité de débloquer de nouveaux personnages (basketteur, magicienne, vaisseau spatial, etc) avec de nouveaux attributs, de nouvelles forces et faiblesses.
Chaque partie a donc une part tactique indéniable, car il en résultera une avancée plus rapide à la prochaine partie lancée, ainsi qu’un intérêt décuplé. Malheureusement, et c’est un peu dommage, si vous perdez, vous perdez l’avancée en leveling de votre personnage, et recommencez tout à zéro. Comme une petite crotte. Dur, me direz-vous ? Certes, mais surtout entraînant, car les parties deviennent, au fur et à mesure de vos progressions, passionnantes, et peuvent ainsi durer plusieurs dizaines de minutes…
Au prix modeste de 1,42 euros, Block Legend est une réussite à tout point de vue. Addictif, mais parfois un peu décourageant par son système de jeu sans sauvegarde, il offre un challenge de taille ainsi qu’une durée de vie plus qu’honorable. Et surtout, il ne cache pas, au travers de ses pixels, tout aussi barrés fussent-ils, une certaine pauvreté, mais une véritable richesse. Bref, un petit jeu sans prétention si ce n’est celle de nous amuser. Et cela n’a pas de prix. Comme un bon sandwich jambon-beurre en somme.
- Addictif
- Bien réalisé
- Pixel Art maîtrisé
- Plus tactique qu'il n'y paraît
- Chronophage parfois
- Une partie "sauvegarde de l'avancement" fait défaut