Test : Penombre

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Je n’ai jamais aimé courir. Pourtant, je le faisais quand même. Par principe. Pour garder la forme d’une jeunesse passée, ô combien lointaine maintenant. Néanmoins, il est vraisemblable de dire que j’ai toujours trouvé cette activité détestable. Lucrative physiquement, mais éreintante mentalement. Et puis, courir d’un point A pour revenir à un point A, avouez qu’il y a une absence de logique certaine. Alors, tester un « running game » ne m’a pas mis dans un état d’effervescence ultime, je dois l’avouer. Mais, bon, on peut toujours changer d’avis à défaut de changer de runnings.

Des running games, il en existe à la pelle sur le Playstore. En 3D, en 2D, horizontal, vertical, dans des temples, dans des vallées, dans l’espace. Ce n’est pas vraiment le style de jeu qui manque, si bien que chacun trouve facilement chaussure à son pied. En vogue, les running games attisent bien des désirs de la part des éditeurs. Chacun se doit d’avoir le sien. Ainsi, ce sont dorénavant nos petits français bien de chez nous, des studios Bulkypix, un nom souvent synonyme de qualité, qui mettent leurs baskets afin de nous encourager à courir un peu, avec leur nouveau jeu : Penombre.

Umbra en l’air

Penombre 5

L’air de rien, tout ceci se présente bien. Visuellement parlant, rien à déplorer, le jeu disposant d’une patte graphique agréable à l’œil faisant de votre course un agréable voyage. Comme le nom du jeu l’indique, Penombre opte pour un mélange de noirceur et de clarté. Un mélange fort bien réussi qui vous rappellera certains décors de « l’étrange Noël de Monsieur Jack ». Le seul reproche que l’on pourrait lui faire est d’avoir choisi un premier plan plus beaucoup plus chargé que les autres, ce qui peut nuire à une certaine visibilité.

Fort d’un scrolling horizontal dit parallaxe sur plusieurs plans (hé oui, un peu de technique, et c’est la frime complète), qui donne une profondeur visuelle certaine à la 2D (on appelait ça à l’époque des Atari ST et Amiga 500, de la 2.5D, hé oui, encore un peu de frime), Penombre ne jette pas la nuit sur la joliesse. En effet, le jeu est mignon comme tout, et donne dans le contraste flagrant : celui de la teneur réelle du jeu, sombre, et celui de l’aspect très enfantin des sprites ainsi que des décors.

En outre et pour ne rien gâcher, la bande sonore est fort sympathique, parfaitement en adéquation avec l’environnement. Vous entendrez quelques hurlements de loups, le battement d’ailes des chauves-souris, quelques bruitages ténébreux. Avec un casque sur les oreilles, c’est un régal même si les thèmes pourront paraître, à certains, stéréotypés.

La sorcière mal-aimée

Penombre 2

Les stéréotypes. Voilà bien une chose qu’il fallait éviter afin que son running game sorte un peu de l’ordinaire. L’originalité d’un univers, c’est bien, mais l’originalité d’un gameplay, c’est encore mieux. Et, malheureusement, Pénombre se démarque un peu, mais point assez de ses confrères coureurs de fonds. Et ce, malgré sa forme.

Vous y incarnez une sorcière, Umbra, mais qui ne possède pas de sorts, à l’instar d’un Rincevent (même si ce dernier n’en possède véritablement qu’un) de ce très cher Terry Pratchett. Elle va devoir parcourir le monde à la recherche de sorts qu’elle va pouvoir acheter voire améliorer à travers différents lugubres tableaux, en ramassant des âmes symbolisées par des fantômes. Très simple, à priori.

Penombre 3

Mais vraiment, à priori, car Pénombre est un challenge qui ne pourra satisfaire que les plus endurcis d’entre-vous. En effet, Pénombre est difficile, limite cassant, dès le départ, de quoi vous plonger dans l’obscurité, dénuée de bruit, de chacun de vos échecs. Et il y en aura, de quoi vous rendre fou et de vous prendre pour un pion. Pourtant, le principe demeure instinctif : vous devez éviter tout ce que vous rencontrerez sur votre chemin. On tapote une fois pour faire un saut simple, et on tapote deux fois d’affilée pour faire un saut double. Si vous n’êtes pas assez rapide, vous serez bon pour une saut-cisse. D’où la nécessité d’utiliser tout ce que vous aurez acquis par la force de vos doigts. Car ce ne sera pas de trop pour venir à bout des niveaux belliqueux qui vous attendent. Et les quelques sorts de transformation en loup-garou ou de figeage de temps, entre autres, ne seront pas de trop.

En effet, vous devrez faire très attention à votre vie. Tous les coups ne vous stopperont pas dans votre élan, mais vous feront mal. Très mal. Vous y verrez même de moins en moins bien, la partie visible se faisant de plus en plus restreinte en cas de choc. De plus, ils seront si nombreux, et si difficilement évitables dans certains cas, que l’on aura l’impression que tout est fait pour que naisse en vous une forme de frustration telle qu’elle vous permettrait de battre le record du monde du lancer de tablette. Et qui dit frustration dit manque de plaisir. Cruel constat dans un monde que l’on aurait voulu plus ensoleillé du point de vue de l’amusement.

Ce qu’il y a de terrible avec Penombre, ce n’est guère son prix. 0.89 euros, ce n’est rien, surtout comparé à un paquet de cigarettes. Ce n’est point non plus sa réalisation agréable, et son ambiance légère mâtinée de noirceur. Ce qu’il y a de terrible demeure en sa difficulté mal dosée qui en rebutera plus d’un, votre serviteur en premier. Et pourtant, sachez que je suis un adepte de tout ce qui fait mal (je ne parle pas de ma vie sexuelle, bien entendu). Mais, là, Penombre est assez décourageant… Messieurs de Bulkypix, vous qui m’entendez et qui savez écouter, je vous en prie, un petit patch ou une petite mise à jour afin que je reste digne, et surtout pour que votre jeu puisse prendre un envol mérité et ce, sans balai.

  • Penombre 1

    "HOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU" Remarquez combien j'imite à la perfection les hurlements du loup-garou

  • Penombre 2

    Mignon, mais c'est un peu l'enfer pour s'y retrouver parfois

  • Penombre 3

    Un petit niveau bonus, où vous pourrez balayer vos angoisses

  • Penombre 4

    Parmi les arbres, demeure votre tombe...

  • Penombre 5

    Récolter des âmes pour en posséder une réelle

  • Penombre 6

    La petite boutique des horreurs ? Non, celle des améliorations, en échange des âmes ramassées

Testé par J.Canonne • 73%
  • Graphiquement réussi
  • Ambiance sonore
  • Prise en main rapide
  • Dur
  • Dur
  • Crévindju ! Que c'est dur !

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