21 Ans. 21 Longues années se sont écoulées depuis que j’avais mis les mains ou devrais-je dire plutôt la souris dessus. Et, quand je parle de souris, je parle bien entendu de l’appendice technologique que vous serrez encore peut-être en ce moment dans les mains car cela existait déjà à l’époque. Simon The Sorcerer. Pour certains, ce nom résonne comme une offrande à l’intelligence et au déconisme extrême (ça sonne bien « déconisme »). Pour d’autres, plus jeunes, que dis-je, beaucoup plus jeunes, il ne résonne point. Au mieux, entendront-ils The Sorcerer dans le titre, et cela soulèvera en eux le souvenir d’un simple jeune homme bouffant des grenouilles de chocolat. Mais, à chacun sa culture et à chacun son moi profond forgé au gré des expériences. Permettez-moi de vous faire connaître une partie de la mienne grâce à ce Simon The Sorcerer qui représente, pour moi, un vaste jeu de mémoire.
Sorti l’année dernière dans une version 20th Anniversary, grâce aux studios MojoTouch, pourquoi s’en préoccuper maintenant ? Hé bien, pourquoi pas, non ? Ou autre prétexte, mais, surtout, argument de poids, tout simplement, parce que le point and click (à l’ancienne ou pas d’ailleurs), est vraiment un genre délaissé sur le Google Play, voire même plus que cela. Vous ne pouvez point savoir le nombre d’heures passées afin de dégotter un jeu de ce type avec une qualité ne serait-ce que potable. C’est un véritable enfer vivant. Alors, bon, quand on tombe sur un jeu, vieux certes, mais dont on avait des bons souvenirs, dans un genre tout aussi vieux, on saute dessus sans trop se poser de questions. A tort ou à raison, donc à cri ?
C’est un beau roman, c’est une belle histoire
Heureusement, c’est loin d’être une romance d’aujourd’hui. De toute façon, qui croit encore à ce type de romans ? Beaucoup de monde, me dîtes-vous ? Ouais, peut-être. Mais bon, ils sont encore nombreux à aimer la fantasy quand elle demeure fantaisiste. Et franchement, avec Simon The Sorcerer, on en a pour son argent même si vous l’avez eu gratuitement.
L’histoire comporte autant de rebondissements que de références aux œuvres d’héroic-fantasy dites classiques voire modernes. On ne peut que penser au grand Terry Pratchett, et je ne dis pas grand car il mesure deux mètres, mais grand par son talent. Il en résulte ainsi une histoire agréable, très agréable, drôle, très drôle, hilarante, fort hilarante. Mais surtout une histoire et un scénario fort bien écrits qui ont fait de ce point and click une référence parmi les références. Au même titre que Secret of Monkey Island,notamment, pour les puristes.
Il est donc tout-à-fait normal de retrouver la même qualité de narration (et heureusement !) dans ce portage. Malgré les années passées, elle n’a rien perdu de sa vigueur ainsi que de sa magnificence. Oui, n’ayons pas peur des mots : de sa magnificence, car lorsque l’on allie aussi bien l’humour et l’écriture, c’est tout simplement beau. Faire pleurer est facile, dans un jeu, ou dans un tout autre art, mais faire rire n’est donné à personne. Et cela commence d’ailleurs dès le début.
Bon, c’est très plan, plan. Vous incarnez Simon (qui a perdu Garfunkel…), et découvrez dans votre vieux grenier un tout aussi vieux grimoire qui, après une mauvaise manipulation, ouvre une porte dimensionnelle. Et, là, le héros qui fait clairement penser au célèbre Rincevent, se retrouve dans un monde empli de magie, entouré, pour bien commencer, de créatures désirant en faire leur repas.
Le presque même qu’avant, avec le même contenu conservé, avec un presque même plaisir
Rapidement, très rapidement, on retrouve nos marques. Pour ceux n’ayant pas encore de marques à ce niveau, ils trouveront également, leurs propres marques car Simon The Sorcerer se joue de tout et manie l’humour comme Hannibal Lecteur manie le couteau de cuisine. Si bien que l’on rentre dans l’aventure comme un des couteaux du docteur susnommé dans une motte de beurre. Mais, rassurez-vous, cela reste bien au-dessus d’un certain Martin issu du même beurre. Et je dirais même que le gâteau, du coup, même s’il a un air de déjà vu et de déjà goûté, reste savoureux.
En effet, vous avez le choix entre le portage tel quel de l’œuvre originelle, et le portage avec graphismes couplés à des musiques améliorées. Bien entendu, en dehors d’être un fana du genre, je vous conseille le premier choix. Faîtes le pour vos yeux, ils ne vous ont rien fait. En tout bon point and click qui se respecte, et loin d’un certain modernisme, le jeu se joue de cette manière : vous avez en bas de l’écran une liste de verbes d’action, et sur la section purement graphique du jeu l’espace où vous pouvez interagir.
Là, les développeurs ont pensé à tout, notamment à cette fameuse, antique et désagréable « chasse au pixels », chasse qui consistait à découvrir, sur votre écran, un pixel oublié sur lequel vous pouviez agir et sans lequel vous n’avanciez pas. Un des grands moments d’angoisse des joueurs de point and click, le genre de moment qui pouvait durer des heures. Ici, grâce à une petite icône, il vous est possible de faire apparaître toutes les objets avec lesquels vous pourrez interagir à l’écran. Et, c’est un peu comme celui qui jouait du piano debout, c’est peu pour vous, mais pour moi, cela veut dire beaucoup.
Cela permet surtout d’enchaîner l’histoire entrecoupée par de nombreuses énigmes, durant lesquelles il faudra faire preuve de malice ainsi que d’intelligence, sans véritablement ressentir de coups d’arrêt. C’est fort appréciable puisqu’il n’y a rien de pire qu’une histoire entrecoupée de manière abrupte pour un détail. Surtout que cette histoire est en VOSTFR. Vous pourrez ainsi l’apprécier à sa juste valeur. Et, sans trop en dévoiler, sachez qu’elle demeure bien au-dessus de ce que l’on peut proposer de nos jours.
Que dire ? Que dire en duc de guise de conclusion ? Simon The Sorcerer était un grand jeu ayant marqué une époque bien éloignée. Simon The Sorcerer marque tout autant les esprits sur Android. Pourquoi me direz-vous ? Un genre délaissé, une réalisation sympathique, un humour aussi décapant que Monsieur Propre, une histoire originale, une version VOSTFR. Bref, des ingrédients qui vont bien et qui font largement oublier le prix que certains jugeront élevés pour un simple portage, à savoir 2,99 euros. Franchement, sautez le pas ou une éventuelle promotion car il les vaut largement. Seul petit reproche dans un tel océan de bonheur : sur un smartphone, l’écran de sélection est un tantinet trop petit pour y jouer convenablement. Optez donc pour la tablette où Simon The Sorcerer donnera tout sa mesure. Et puis merde, achetez-le quand même si vous n’avez pas de smartphone ni de tablette, ne serait-ce que pour le geste et pour que d’autres portages se font. De la même qualité, j’entends. Sur ce, je m’en vais prier devant l’autel cartonné, fait des boîtes empilées de mes anciens jeux Lucasfilm Games et LucasArts afin que Zak McKracken and the Alien Mindbenders suive le même chemin.
- Qualité de l'histoire
- Bonne mise à jour visuelle et sonore
- Un humour omniprésent
- Putain que c'est bon !
- Difficilement praticable sur un smartphone
Un bon gros test qui donne envie de tester. On verra ça si un jour j’ai envie de changer un peu du vroum-vroum ! 😀