Ce soir, on vous invite à dîner. Hé ouais, on est comme ça, nous, sympa comme des cochons. On vous invite à dîner parce qu’on vous aime bien. Et, attention, pas le petit dîner de chez neuneu et boulettes, hein ! Un dîner de chez dîner ! Genre foie au beurre servi avec des fèves et un excellent Chianti. Nan, je plaisante. Un dîner de chez dîner classique. Il ne fallait pas rêver non plus. On ne vous promet pas le grand soir, juste à manger et à boire. Un peu de pain et de chaleur ? Il faut voir en fait. Voir ce que nous réserve lerestaurant des studios PlayFirst, Inc, avec leur jeu Diner Dash. Il faut toujours se méfier des arrières cuisines, car elles ont beaucoup à cacher. Parfois en bien quant à la technicité et à l’originalité des cuistots, parfois en mal, comme le découvre Gordon Ramsey dans « Cauchemar en cuisine » avec certains insectes que seules des tribus reculés d’Amazonie oseraient déguster.
La cuisine ainsi que le service sont des arts nobles, et ce n’est pas parce que nous avons la chance d’habiter le pays de la gastronomie ainsi que du vin que je dis ça. C’est juste vrai. Et, comme pour tout, il est nécessaire, en cuisine, de trouver le bon équilibre entre les ingrédients. Pour un jeu, c’est pareil. On va dire, subjectivement, qu’une bonne recette est tout aussi difficile à réaliser aux fourneaux et aux fourneaux. Me suis-je bien fait comprendre ? Non ? Bon, tant pis. On va juste dire que pour qu’un jeu soit bon, il faut que la cuisson soit bonne. Sinon, c’est de la merde comme le dirait notre ami Karadoc. Et là, qu’avons-nous à sortir tout chaud de son four ?
Un jeu de gestion du tapage sur l’écran
A première vue, Diner Dash se présente, sur un plateau, comme un jeu de gestion classique. Du moins c’est ce que l’on pense au début, en lisant la carte des plats. Dès les premières minutes, après les quelques niveaux formant le tutorial, le principe vous est expliqué : à vous de gérer un restaurant non pas gastronomique mais plutôt de type rapide par l’intermédiaire d’une serveuse appelée Flo (tout correspondance avec une personne existante est totalement fortuite).
On commence doucement mais sûrement, sans doute avec quelques hamburgers/frites d’un goût extrême, par comprendre le mécanisme qui se décompose comme suit : on place les clients, on prend la commande, on donne la commande au cuistot, on sert la commande, on prend les thunes de la commande, on débarrasse et on met les assiettes à la vaisselle. En gros. Et tout ça, d’un seul, ou plusieurs doigts d’une agilité à faire frémir habituellement votre partenaire.
Cela a l’air simple, mais cela demande une certaine maîtrise du timing ainsi que du sens de l’orientation. Si bien que rapidement, tel un hystérique, vous vous amuserez, ou pas, à tapoter sur votre écran comme si celui-ci demeurait une entité détestable. A une vitesse telle que vous rendrez le super-héros Flash jaloux. Tout ceci est, vous l’avez compris, fort répétitif.
Heureusement, plus vous avancez dans le jeu, et plus il se diversifie, non pas dans sa méthode de fonctionnement, mais dans son challenge. Ainsi apparaissent progressivement de nouveaux clients, de nouveaux appareils servant à les contenter, de nouveaux objectifs. C’est bien, non ? Ouais, enfin bon, ça ne change pas. Il vous faudra taper, taper et taper encore, jusqu’à ce que vos réserves d’énergie (celles servant à jouer) s’épuisent…
Diner Dash : 2 en un ou tout pour rien ?
Et ces réserves d’énergie sont importantes, autant que les vôtres qui suivront la même tendance : celle de s’épuiser très rapidement. Cela vous poussera, soit à vous énerver, soit à passer par la petite boutique proposée, à des prix défiants toute concurrence. Non, je plaisante, à des prix défiants parfois l’imagination. Si bien que Diner Dash, déjà aussi passionnant que de regarder et d’entendre un discours de VGE (en mode accéléré bien sûr), perd encore de son maigrelet intérêt. Et pourtant l’idée était bonne et pas si mal réalisée que cela.
En effet, la réalisation, sans être aussi belle qu’une Jennifer en train de s’époumoner, Jennifer dont la serveuse Flo semble une grande fan (il y a de ces coïncidences quand même), tient la route, avec des personnages assez bien dessinés dans un esprit que je qualifierai de Sims 2 et des animations agréables. Le tout berce dans une ambiance assez drôle. Seule une musique dite d’ascenseur viendra troubler l’ensemble en vous donnant l’envie d’aller, régulièrement, aux toilettes. Mais cela demeure un ensemble tout-à-fait acceptable.
Cependant, cet ensemble, tout aussi acceptable fut-il, ne parvient pas à accrocher le jouer plus que de raison. Et sa raison sera proportionnelle à ce que Diner Dash vous propose : simplement du tapotage. Et, excusez-moi d’être direct, moi ce tapotage, je n’en ai rien à taper, et je ne suis pas le seul. Je me suis demandé si le vieil aigri, que je suis, était véritablement trop aigri pour apprécier un tel jeu. Question légitime, n’est-t-il-pas ? Peut-être suis trop vieux pour aimer un jeu davantage destiné pour les plus jeunes ou les adolescents ?
J’ai donc fait voir Diner Dash à ma fille, et j’ai attentivement observé sa réaction, avant de partir fumer quelques minutes plus tard. A mon retour, que ne fut point mon étonnement : elle avait changé de jeu pour Monument Valley. Pourquoi ? Lui ai-je, bien sûr, demandé. Elle m’a répondu avec la tendresse et la franchise qui la caractérisent tant (les chiens ne font pas des chats) : « c’est nul ». La vérité sort…Enfin, vous connaissez cette fameuse maxime non forestière.
Diner Dash m’a lessivé. J’ai même eu le droit au « 2 en 1 » finalement. En premier lieu, le désintéressement. En deuxième lieu, l’ennui. On pourra toujours me reprocher ma mauvaise foi, mais, un jeu où l’on ne fait que tapoter, à droite à gauche, sans réel implication, est comme une omelette noircie par la cuisson : immangeable. Bien qu’il soit gratuit (enfin, vous comprenez mon ironie ici), Diner Dash n’arrive pas faire décoller son univers semi culinaire, semi gestionnaire, et ne donne pas vraiment envie de terminer son assiette. Encore moins de lécher le plat. Il est juste un jeu de plus dans le Play Store, bien noté par une méthodologie que je n’arrive pas à assimiler…Peut-être suis-je trop vieux pour ce monde ? Peut-être suis-je trop vieux pour jouer ? Non, je ne le pense pas un instant. Peut-être simplement que les goûts de mes contemporains sont devenus des goûts de chiotte. Un peu comme ce qu’il restera de ce jeu après son passage dans les intestins de mon esprit.
- Réalisation correcte
- Principes faciles à assimilier
- Et tu tapes, tapes, tapes...
- Ultra-répétitif
- Chiant comme la pluie