C’est que cela commence à dégueuler un peu de partout sur le Playstore, les jeux rétro. Y’en a plein. Mais pas peu de plein. Plein de chez plein. Hop des graphismes 8 bits, hop une musique composée en deux minutes, imitation synthétiseur années 80, hop des graphismes pixel art où l’on voit bien les pixels, et hop je te sors un jeu. Le petit truc en plus, qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est de coller tout ça dans un univers de fantasy. Là, c’est le top du top. Vous avez alors THE jeu, qui va déchirer tout sur son passage. Du moins, c’est que tout le monde croit. Et les croyances générales ne sont jamais bonnes à croire. En effet, on veut sortir rapidement un bon jeu rétro, et, on se retrouve plutôt avec un jeu nécro. D’ailleurs, avec l’avalanche de ce type jeu, on dévale la montagne un peu trop rapidement. Et puis, le nécro, c’était pour Halloween, et Halloween est passé, donc, voilà, quoi…Ouais, je sais, c’était hyper drôle. Je sais que je mérite ces applaudissements, et que l’on peut me considérer, avec tout le recul nécessaire, comme un chevalier des bons mots, lequel court toujours après la saillie drolatique. Un chevalier qui court ? Ouep, comme dans Buff Knight – RPG Runner des studios Buffstudio (non, non là ce n’est pas une blague).
J’avoue avoir profondément angoissé lorsque j’ai commencé à lancer le jeu. Mes dernières expériences avec le jeu dit rétro s’étaient soldées par l’écriture d’un futur rétronomicon. J’exagère un peu, peut-être. Mais il est vrai, qu’en l’instant, la déception est immédiate. Lorsque l’on veut créer un petit jeu amusant (rien de péjoratif là-dedans), ce qui est, bien souvent la volonté immédiate de ceux qui optent pour le mode « rétro-gaming », il faut surtout ne pas oublier justement la notion d’amusement. Dans mon introduction, remarquez comment je l’ai omis. Par définition. Mais je sais reconnaître une faute quand elle existe, ce qui n’est pas toujours le cas de certains développeurs. Alors, Buffstudio nous aurait-il fait le coup du « bah, on s’est trompé » en oubliant de mettre vraiment le gameplay en avant ?
Tout est dans le nom
Buff Knight – RPG Runner. Rien que ce nom fait frémir, et donnerait la désagréable impression d’avoir en main un pot-pourri plutôt qu’un mélange des genres. Et pourtant, malgré un nom improbable, ce dernier est en parfaite adéquation avec ce qui est proposé. Du moins en substance, pas en totalité.
En effet, décomposons son nom (non, il n’y a aucun rapport avec le « nécro » de l’introduction). Mot par mot. Knight, car vous allez incarner un chevalier. RPG, car il y a quelques doses de RPG dans le jeu, notamment du point de vue des statistiques ainsi que de l’équipement de votre personnage. Runner, car votre chevalier va courir tout du long. Et enfin Buff, parce qu’il y aura quelques améliorations durant le jeu, du fait de l’évolution de votre combattant. Mais Buff aussi, parce que le studio à l’origine du jeu se nomme Buffstudio (petit clin d’œil personnel, on n’est jamais mieux servi que par soi-même). Et enfin, Buff, parce que le royaume dans lequel l’histoire se passe est le royaume de Buff.
Une histoire dans ce jeu ? Il ne faut pas non plus exagérer puisqu’elle tient sur la première page quand vous le lancez pour la première fois. Dans le royaume de Buff, un Dragon fait des misères à tout le monde, a piqué des artefacts, et comble de malchance, la princesse de Buff s’est faite enlevée. De la grande histoire, comme on en écrit plus. Le genre d’histoire qui tient sur une feuille de papier-cul, pas usagée bien entendue. On aurait pu s’en passer mais elle est là pour servir l’entrée du héros, qui, lui doit s’en sortir. Et ce héros, c’est vous. Enfin quand je dis « c’est vous », c’est vous qui allez l’incarner. Pas besoin de faire des comparatifs désarmants tant l’intelligence de ce dernier frise le ridicule. Avec humour parfois.
Telle une tête brûlée, mais sans les avions, vous avancez donc. Sans le moindre répit, avec tout de même deux armes très classiques, à savoir l‘épée et la magie. « Jamais, tu ne retourneras, toujours tout droit, tu iras » serait peut-être ce que dirait un héros shakespearien. Et c’est ce que ce dirait aussi notre chevalier des temps non modernes.
Rétro-spectivement non nouveau
En réalité, Buff Knight nous offre un gameplay ultra-simplifié. Vous avancez, vous tuez, vous mourrez, vous relancez une partie en bénéficiant de ce que vous avez eu avant de mourir. Un peu comme dans le fabuleux Rogue Legacy, mais les histoires de successions en moins (moins de paperasse, tout ça). Vous n’aurez, respectivement, qu’à vous occuper de votre vie et de votre magie, que vous pourrez rechargez à l’aide de fioles rouges et bleues. Je vous laisse deviner à quoi correspond ce code couleur bien connu, directement hérité d’un certain jeu sans succès, à savoir Diablo.
Il est évident que BK pioche à droite et à gauche quelques idées. Tiens, je vous parlais de Rogue Legacy, bah sachez que l’argent que vous avez gagné durant une partie est reportée sur la suivante de quoi acheter du matériel de plus haut niveau. BK ressemble ainsi à une espèce de rogue-like light de chez light, où l’on peut se projeter dans une partie courte. Courte au début mais longue à la fin. Je parle, bien entendu, de la partie lancée…
C’est vrai que, parfois, BK pourra vous paraître long. Bien trop long, du fait de sa répétitivité. Tout un paradoxe : plus vous y jouerez, plus vous deviendrez puissant, et plus vous vous lasserez. Ainsi, après la bonne découverte des premières heures se profilera un ennui progressif. Il faut dire aussi que le gameplay n’aide pas vraiment. Avec un doigt, vous pourrez utiliser magie et potions sans avoir de crampes. Tap. Tap. Tap. Qui c’est ? La non implication, pour ne pas vous servir.
C’est dommage, d’autant plus que la réalisation, si l’on aime les gros pixels, n’était pas dégueulasse. On pourra toujours reprocher le manque de variété dans les décors traversés, mais j’ai trouvé les monstres rencontrés plutôt réussis et fort diversifiés. La musique ainsi que les sons sont, de leur côté, les dignes héritiers de ces années où ma syntaxe n’était pas aussi diverse que maintenant. Des années oubliées. Mais à ne pas oublier. A l’inverse de ce jeu ?
Autant le dire tout de suite, Buff Knight ne m’a pas convaincu. Disponible au tout petit prix de 0.77 euros en version « premium » ou gratuitement avec des publicités, il demeure un bon divertissement. Pendant quelques temps tout du moins, car, rapidement, la lassitude prendra le pas sur votre énergie, laquelle s’épuisera, comme neige au soleil, au fur à mesure de parties longues, très longues. Trop longues. Beaucoup trop longues ! Et les dites parties, du fait d’un gameplay simplifié à outrance, ne vous proposeront pas assez d’interaction pour vous convaincre de vous motiver. Cruel dilemme, et cruel sort pour un jeu utilisant un peu de magie. Buff Knight se dit un rogue-like light. C’est pas faux, comme dirait Perceval. Mais un rogue-like où l’on s’ennuie en devenant de plus en plus fort, sans donner un challenge adéquat, n’a pas de sens à mes yeux. C’est bien simple, j’ai fait un petit test lors de ma dernière partie. J’ai laissé mon petit bonhomme se débrouiller tout seul, et ce ne fut qu’au bout de 4 minutes 33 secondes exactement que j’ai dû glisser un doigt sur l’écran pour lui faire boire une potion. Passionnant, n’est-il pas ? En fait, voilà ce qu’il manque à Buff Knight, un brin de passion à défaut de patience. Buff Knight, c’est un peu comme la chanson du chevalier blanc (en la prenant au premier degré) : un beau gâchis si cher à mon ami Parmentier.
- Réalisation rétro réussie
- Prise en main facile
- Ennuyeux à force
- Manque de challenge
faite attention a ce jeu, risque de perdre sa sauvegarde de progréssion du cloud, c’est ce qu’il m’ai arrivé du coup je recommence depuis le début.