La peur. Voilà un thème qui devient récurrent dans les jeux. Entre Slender et ses multiples émules, Amnesia (sur PC), ou bien encore les multiples jeux portés sur les zombies (et croyez bien qu’il n’est point facile pour un zombie de porter un jeu), le genre est en train d’exploser. Et nombreux sont ceux qui prennent le wagon en route. Mais, tout comme les films d’horreur, il y a du bon, du moins bon. Du soporifique, du vaporeux, et parfois du cérébral qui tente de vous faire sortir le cerveau de son emplacement initial par des moyens plus subtils que d’ordinaire.
NothingElse fait partie de cette dernière catégorie, ou tente d’en faire partie, en osant le parti pris pour le pixel art. Développé par un seul homme, Ivan Zanotti, connu par quelques jeux sortis sur PC, et entièrement gratuit, sans la moindre publicité, il essaye donc de faire transparaître des peurs enfouies, ou de faire naître en vous le questionnement. Pari réussi ?
Du retro dans le viseur.
Évidemment, NothingElse ne vous tapera pas dans l’œil comme pourrait le faire un « Yesterday ». Est-il, pour autant, dénué de tout charme ? Non, assurément pas, sauf si, bien sûr, vous détestez le pixel art. Néanmoins, même si vous l’aimez beaucoup, vous pourrez, éventuellement trouver en à redire tant la pâte graphique demeure d’une simplicité extrême, et opte pour un dépouillement total des décors dans lequel vous vous aventurez.
Ne parlons pas des animations. Par décence. Je dirais même, sans vouloir être trop méchant, que si le jeu veut inciter à la frayeur, c’est une réussite à ce niveau là. Et l’ambiance sonore est du même acabit, même si elle convient, tout-à-fait, à rendre l’angoisse palpable par ses interventions légères et glauques.
On me dira, et on aurait sans doute pas tort, que l’intérêt ne se trouve pas là, mais ailleurs. Nul n’est mon envie de vous contredire. Puisque, en effet, l’intérêt de NothingElse se trouve bien ailleurs. Et heureusement !
NothingElse, un problème ?
Je l’affirme haut et fort : NothingElse est intéressant. Sur plusieurs niveaux. Mais, pas sur le gameplay. Il revendique clairement son appartenance au genre des « point and click » ou devrais je dire les « point and tape » si chers à nos tablettes et autres smartphones. Tapez sur la droite de l’écran pour aller à droite, tapez sur la gauche de l’écran pour diriger votre personnage à … ? Oui, à gauche, Madame, merci d’avoir suivi. Et tapez sur le bas de votre écran pour … ? Non, jeune homme au regard fatigué, pas pour aller en bas, mais pour engendrer une action. Simple, clair, efficace. Mais simple, un tantinet trop simple. Un peu comme l’histoire au début.
Vous dirigez un petit garçon, dont on ne sait pas grand chose, sauf qu’il est grand amateur de livre et qu’il s’ennuie un peu. C’est au moment même qu’il prend son livre fétiche qu’il se retrouve dans un monde parallèle. Guère originale comme approche, mais soit, passons. Et il va devoir en sortir. On pourrait croire que ce n’est point gagné par avance, et pourtant, ça l’est. Car la difficulté demeure au niveau du reste : d’une simplicité effrayante. J’ai lancé le jeu une première fois, et hop, terminé en même pas quinze minutes. De quoi rendre un peu anxieux, pour ne point dire véhément.
Néanmoins, l’expérience n’en est pas moins délectable, sur la fin tout du moins (dont vous ne saurez rien, comme les poissons). L’histoire demeure lente, un peu pataude, avec très peu d’interactions possibles avec son environnement glauque et épuré. Ici, point de combinaisons entre les objets ramassés, point de dialogues (si ce ne sont ceux avec vous-même) et point de réflexion particulière à avoir, les énigmes se comptant sur les doigts d’une main.
Dès lors, une question évidente se pose : NothingElse est-il vraiment un jeu ? Je dirais « oui », mais je pencherai plutôt vers une expérience particulière. Les principes sont ceux d’un jeu basique, mais l’absence de réflexion pousse justement à la réflexion. Oui, je sais, vous avez du mal à me suivre, c’est normal. D’ailleurs, comme je suis vilain, je pourrais en rester là et vous laissez réfléchir là-dessus. Mais voyez-vous, c’est Vendredi, veille de week-end, et mon âme commence à chanter, des lumières divines passent au travers de mes fenêtres. Et, ça y est, je suis devenu sympathique.
L’absence de réflexion pousse à la réflexion. Je le dis, le redis et le pense réellement. Car malgré cette courte épopée, il en ressort une impression de mal-être, du fait des orientations de l’auteur, mêlant pensées noires, passages introspectifs, et une certaine philosophie des événements rencontrés. Et, en ce sens, c’est plutôt réussi.
D’ordinaire, je n’apprécie guère les jeux qui essayent de vous guider vers une approche quasi spirituelle de la vie, et des choses qui la composent. Mais là, du fait de sa simplicité, et de sa volonté de bien faire (une volonté maîtrisée), NothingElse parvient à rendre cette macabre escapade en un bon mais trop court moment. Nous pourrons, néanmoins, lui reprocher certains errements dans son gameplay et dans ses interactions, qui desservent sa simplicité de mise en scène, ainsi que son désir de rendre le malaise palpable. Bref, NothingElse demeure un jeu assez bon, mais, par tous les Dieux, un peu plus de précision et de longueur, la prochaine fois, ne seraient point de trop, afin de le rendre bon voire très bon. Signore Zanotti, capisci a me ?
- Ambiance générale
- Portée de l'histoire
- Un jeu avec comme icone une ressemblance avec Frank dans Donnie Darko ne peut point être totalement mauvais
- Simplicité
- Que c'est court !